06
ENTRETIEN AVEC PARIKSHAT TULSIDAS, RESPONSABLE DU DEVELOPMENT POUR L’AFRIQUE
Comment Maurice se positionne comme pôle financier pour
l’Afrique ?
Il y a en Afrique une forte demande pour des financements en devises
étrangères. Maurice étant une plateforme financière internationale,
nous avons beaucoup de liquidité en devises étrangères. Nous
sommes donc idéalement placés pour devenir un centre financier
pour la région. AfrAsia et d’autres banques mauriciennes sont sur ce
créneau pour aider les multinationales et les entreprises présentes
en Afrique à lever des fonds en devises étrangères depuisMaurice. Ce
service n’est pas réservé aux entreprises, il est également disponible
pour les banques en Afrique car c’est plus difficile pour elles d’avoir de
la liquidité en devises étrangères. Il y a donc un lien qu’on peut faire.
Le fait que plusieurs banques mauriciennes proposent ce service est
idéal pour le pays et pour développer le système financier à Maurice.
Quelles sont les difficultés qui se dressent devant Maurice pour
que le pays devienne un pôle financier régional ?
Leprincipal obstacleest laconnectivité. Jesaisque legouvernement et
d’autres parties prenantes travaillent dessus. C’est important et nous
devons nous vendre comme un pôle pour l’Afrique subsaharienne.
Parmi les investisseurs en Afrique aujourd’hui, les plus proches de
nous sont en Asie. Nous pouvons devenir un lien entre l’Asie et
l’Afrique. Actuellement, tout le monde passe par Johannesburg pour
aller sur le continent, nous devons concurrencer cette position. Il y
a, par exemple, de nombreuses compagnies minières en Asie et en
Australie qui font du business en Afrique et qui y ont des mines. Nous
avons besoin d’attirer des talents et de l’expertise, notamment dans
les conseils financiers pour la région.
Y-a-t-il d’autres difficultés notamment culturelles ou politiques ?
L’Afrique de l’Est est proche de nous. Leur culture n’est pas éloignée de
la nôtre et ces pays ont une petite connexion avecMaurice. De ce fait je
ne pense pas que cela pose un problème d’axer notre développement
en Afrique de l’Est, de l’Afrique du Sud à l’Ethiopie. Mais il ne faut
pas oublier le Ghana et le Nigéria qui sont deux grosses économies
en Afrique de l’Ouest. Les Africains accueillent les Mauriciens à bras
ouverts, car ils reconnaissent la « success story » de Maurice et ils
nous considèrent comme les leurs.
Quels sont les secteurs porteurs en Afrique vers lesquels les
investissements mauriciens peuvent se tourner ?
Il y a du potentiel dans l’agriculture par exemple. Il y a une demande
en Afrique pour les produits agricoles. Le conseil financier pour le
secteur minier peut se faire à Maurice, il y a d’ailleurs eu récemment
des initiatives en ce sens. Il y a beaucoup de liquidité à Maurice, et
si les banques à Maurice se rapprochent il y a un gros potentiel pour
devenir le centre de financement pour le secteur minier en Afrique.
L’autre domaine clé est l’import-export où Maurice a une meilleure
notation que d’autres pays en Afrique. Il est donc plus facile pour
les banques asiatiques et européennes d’accepter nos risques. Nous
pouvons devenir un pôle régional pour la finance commerciale.